Anna, une cinéaste belge, parcourt le nord-ouest de l'Europe pour promouvoir son dernier film. Ses arrêts temporaires et rencontres éphémères dressent le portrait de la jeune femme. Elle rencontrera un instituteur allemand qui porte Ie poids de l'Histoire sur ses épaules, une amie, un inconnu dans Ie train, sa mère, son amant parisien.
On retrouve ici Ie style akermanien, caractéristique de cette période de son travail faite de frontalité, de lents travellings latéraux, d'une distance gardée vis-à-vis des personnages, distance qui n'efface pas l'émotion, mais qui au contraire la canalise, laissant à Anna et aux autres leur liberté. Ils ne sont pas soumis par la fiction. Le récit a besoin d'eux, mais ils conservent un hors-champ narratif, un quant-à-soi qui font la grâce grave du film. Il faut encore souligner la place du texte beau et simple, d'une fluidité sans pathos qui, dans les fictions ultérieures de la cinéaste, va devenir déterminant.
« Les Rendez-vous d’Anna sont d’une facture implacable : le statisme des cadres, au sein des continuels déplacements linéaires d’une nomade dans l’incapacité de s’approprier l’espace parcouru, reste d’une beauté sidérante et impose le film comme pièce maîtresse inaltérée, résistant bien mieux au passage du temps que d’autres films d’errance européens. »
Bertrand Loutte
« L'imposante rigueur formelle des Rendez-vous d'Anna invente une esthétique qui témoigne de la dépersonnalisation du monde pendant que la parole rare des personnages dessine un nouvel humanisme. »
Linda Soucy
« Les Rendez-vous d’Anna n’a pas été tourné à l’aide d’un scénario classique, mais plutôt d’un texte en prose remarquable, manière de récit. Cette plasticité dans l’écriture va permettre à la cinéaste d’élaborer des modifications en cours de tournage, lui ouvrant de nouvelles perspectives de cinéma qu’elle s’emploiera à développer dans ses œuvres ultérieures. »
Samuel Petit