Une jeune fille se réfugie dans une chambre. Se gavant de sucre à la petite cuillère, elle écrit des lettres. Les jours passent, les pages s’accumulent. Plus tard, elle quitte cette chambre, arrête un camion au bord de l’autoroute et passe une grande partie de la nuit avec le camionneur, un homme qui aurait pu être un ami. Au bout de la route, elle retrouve sans doute pour peu de temps, la fille qu'elle aime vraiment. Le film raconte les trois derniers instants de l'adolescence d'une jeune fille, abordant douloureusement l'âge adulte, et qui devra abandonner quelque chose d'elle-même pour s'y conformer.
« Son premier long métrage de fiction, Chantal Akerman l’a tourné en six jours, alors qu’elle avait 24 ans, avec un budget plus que modeste. Un film ciselé, intensément dépouillé, qu’elle a écrit quand elle avait ‘l’âge du personnage et les mêmes sortes de problèmes’ , en 1968, mais qu’elle a réalisé six ans plus tard – un laps de temps qui, d’après elle, a ‘permis une mise en scène’. Elle précise : l’utilisation d’elle-même en tant qu’actrice faisait partie de cette mise en scène. »
Charlène Dinhut / Tënk
« Enfermée entre quatre murs austères, puis sur les routes pour regagner la ville, la jeune Julie (Chantal Akerman elle-même) affronte son propre égarement, dispersant son désarroi dans des lettres, partout où son regard se pose et persiste. Si sa méthode thérapeutique paraît étrange, elle la conduit malgré tout à prendre des décisions, à provoquer l’ennui et le hasard. »
Basile Pernet / Cinergie
« Nettoyage par le vide : une jeune femme désœuvrée s’enferme entre quatre murs, avec un matelas. Une folle, une sorcière, une artiste de la performance (une cousine de Joseph Beuys) ? Elle déplace le matelas, l’essaie dans toutes les positions. Elle s’allonge, joue avec sa respiration, se goinfre de sucre à la petite cuillère, écrit par terre – les feuilles volantes forment un tapis. Un corps nu, le grain d’une voix juvénile, un stylo et un lit : c’est la liturgie façon Akerman, son culte de la blessure intime (je) et du jeu narcissique (tu). »
Jacques Morice / Télérama
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