En Italie, au milieu des années 70, Adriana, Barbara, Nadia et Susanna ont 20 ans quand elles décident d’entrer dans la lutte armée, de quitter leur vie sociale et leur famille pour faire de la révolution le centre et le but de leur existence. Elles rejoignent les Brigades rouges, considérées comme la plus grande organisation terroriste communiste d'après-guerre en Italie, et y deviennent des personnages clés.
Après de longues années de prison, elles réapparaissent aujourd’hui, essayent de raconter chacune leur propre expérience. Elles parlent des raisons politiques qui les ont d’abord soutenues, des conflits, des doutes, des déchirures qui ont marqué leur vie de femme prise dans le tourbillon de la guerre. Un parcours qui débouche sur la condamnation de la lutte armée et la douleur des vies détruites : celle des victimes et la leur.
« Comment entre-t-on dans la clandestinité ? Comment une arme devient-elle une amie indispensable ? Comment surestimait-on l'Etat ennemi et comment cela permettait-il de durcir le mouvement ? Comment a-t-on été en totale contradiction avec ses idéaux ? Comment s'est-on trompé ? Et aujourd'hui, comment vivre avec tout cela ?
Adriana, Barbara, Nadia et Susanna analysent ces années de guerre contre l'Etat avec le souci constant de remettre leur parole dans le contexte d'alors et de ne jamais se disculper. Quatre femmes qui osent affronter les fantômes du passé, osent braver la loi du silence et parlent simplement, avec franchise et justesse. »
Catherine Bizern
« Au début des années '70, nous étions, elles et moi, dans la même révolte et le même espoir de communisme. Face à la répression, elles firent le choix extrême de la lutte armée et disparurent dans la clandestinité puis en prison. Sur leur silence - et le nôtre, nous avions été vaincus - s'est écrite l'histoire de ces années et leurs événements tragiques. Avec les omissions, les stéréotypes, les refoulements que comporte toujours la Version Officielle. C'est contre cette version que j'ai réalisé ce film.
Il a fallu attendre 15 à 20 ans pour poser à ces femmes les questions qu'aucun juge ne leur avait jamais posées.
Elles regardent derrière elles leur cause commune et chacune a une façon différente de se souvenir et de vivre avec ce passé commun. Un discours personnel, loin du mythe, du slogan ou de l’apologie.
Je ne voulais pas juger leurs actions ou leur vie, je voulais écouter. »
Loredana Bianconi