Le deuxième long métrage de Jan Decorte est une adaptation de la pièce Hedda Gabler de l'écrivain norvégien Henrik Ibsen. Decorte déplace l'action de la pièce réaliste d'Ibsen de 1890 en 1950, soit vingt-huit ans avant le tournage du film. L'histoire commence lorsque Hedda revient d'une trop longue lune de miel avec son mari Tesman, mariage récent mais insipide. Elle est enceinte et se voit courtisée par l'écrivain Eljert Lövbor, un vieil amant qui est sur le point de percer avec un roman extraordinaire, dans lequel il dit s’y “retrouver”. Le cinéma de Decorte se caractérise par une économie cinématographique et une théâtralité dramatisée.
« Entre chorégraphies douces et propos cyniques et désabusés sur son époque, Jan Decorte a construit en trois films une cinématographie intime et enivrante, nourrie par des lumières et des cadrages inspirés et iconiques. Un complément nécessaire à une histoire du cinéma belge bercée de (sur)réalisme, mais toujours résolument inscrite dans son époque. »
Kevin Giraud
« Une théâtralité dont le cinéaste s'affranchit d'ailleurs au mieux lorsqu'il détache sa caméra de l'avant-plan scénique pour aller au plus près de ses comédiens. À force de silences, de tirades et de plans serrés sur ces personnages cousus de tristesses et de frustrations, il dessine un portrait intime et d'autant plus fort de ces protagonistes, dans la plus pure maîtrise cinématographique. Point ou pas de musique dans ce cinéma, la force du texte, des prestations et des silences suffit à porter cette œuvre impressionnante.
Bien au-delà du théâtre filmé, Jan Decorte construit dans Hedda Gabler des plans-tableaux et des images impérissables, dont la redécouverte aujourd'hui prouve l'importance de sauvegarder ce patrimoine cinématographique qui est le nôtre. À découvrir absolument. »
Kevin Giraud