Sous l'autorité du commandant Walter Van Dyck, les jeunes recrues du peloton Echo suivent un entraînement militaire de base. Des jeux de rôles font apparaître leur avenir de soldats professionnels. Echo documente méticuleusement cette métamorphose intentionnelle, au cours de laquelle s’enseigne une nouvelle façon de regarder, d'écouter et de penser.
« Dans notre société, il n'y a plus beaucoup de rites de passage. On commence son premier emploi sans grand symbolisme, et puis éventuellement, on en change, si de meilleures opportunité se présentent. À l'armée, par contre, c’est toute une transformation qui a lieu dès que les recrues franchissent la porte de l’enceinte et revêtent leur uniforme. La métamorphose du civil au militaire. Et en même temps, ce sont “simplement” des jeunes qui vont voir leurs parents le week-end. Ils s'entraînent avec des armes, et pourtant ils font semblant ; ils sont tapis toute la nuit, mais dans un buisson en Flandre. Leur commandant a beau essayer de les préparer à la réalité, la vraie guerre semble n’exister que dans les films. Alors ce commandant présente leur métier à ses recrues en se référant aux films d'action, comme si l'univers des films de fiction, mieux que la réalité quotidienne d'une base de l'armée belge, pouvait les préparer à un avenir hypothétique. Convaincue, l'armée se joue d'elle-même. Les recrues deviendront-elles un jour de vrais soldats ? Peut-être. Mais peut-être aussi que même une vraie guerre ne rendrait pas l'armée réelle. Dans son ouvrage On Photography, Susan Sontag écrivait que les personnes qui ont vécu une catastrophe parlent de son intensité en disant que c’était “comme un film”. Le superlatif de la réalité, en fait, c’est la fiction. »
Nina de Vroome
« La mise en scène est simple et frontale. Les plans fixes nombreux et toujours à juste distance misent sur l'observation attentive, sans intervention, des moments collectifs ou individuels. (…) Cependant, le documentaire se veut distant des intimités si ce n'est au détour de quelques images, un peu volées, de recrues dormant ou d'une conversation téléphonique tendre entre un jeune et son amoureuse, et qui dit si bien l'absence. Cette distance permet d'échapper à une proximité qui aurait pu être complaisante. Le film n'est ni une critique, ni un plaidoyer pour l'armée. Ruben Desiere parvient ainsi à une sorte de neutralité qui, au final, devient fascinante. »
Fred Arends
« Derrière cette trame d'un quotidien rythmé par les entraînements sur le terrain et les leçons en classe, se dessine tout un ensemble de gestes et de mouvements; marcher au pas, nettoyer son arme, mettre son masque à gaz, tirer sur des cibles, et se met en place une chorégraphie étonnante qui traverse le film. Quant aux scènes de combats, très prenantes, avec ses images verdâtres de vision nocturne, elles nous amènent quasi à la fiction d'un véritable film de guerre. »
Fred Arends