Avertissement : ce film contient des images explicites
Un homme aime une truie. Des porcelets naissent. Il les pend. Désespérée, la mère se suicide. Viendront ensuite la traversée de la pourriture, la dévoration de la merde, puis la disparition de l’homme, corps volant dans le ciel.
A sa sortie, en 1974, ce film a fait scandale : cette accumulation transgressive faite de zoophilie, « d’infanticide », de mort, de coprophagie a amené des combats aussi passionnés que ceux suscités par L’âge d’or, ce qui aurait réjoui Luis Buñuel, qui pensait que le cinéma tel qu’il était pratiqué n’utilisait qu’une petite partie de ses possibilités déflagratrices de contestation et de rêve. Vase de noces est à classer parmi les œuvres les plus fortes, celles qui laissant des images et des blessures inoubliables dans la mémoire des spectateurs. Des images d’exigence et de pureté, des propositions mystiques, alchimistes ou psychanalytiques, qui s’adressent à un niveau de conscience oblitéré.
Il s’agit d’un poème sans paroles qui propose la traversée des éléments – l’eau, le feu, la terre, l’air – et, surtout, désigne les pulsions primaires qui relient l’homme au monde, aux animaux présentés dans l’égalité de l’altérité. Il n’est pas question ici d’anthropomorphisme mais d’une mise à plat des conditions de désir, de « bestialité », de souffrance, d’agressivité. Quant à l’humain, porté par Dominique Garny, acteur médium, comédien inspiré, se dégageant de tout lien avec la psychologie ou la sociologie explicatives, il nous fait entrer dans un univers régressif et halluciné, où tout contact avec la réalité est effacé au profit d’un seul trajet intérieur d’exploration des abîmes premiers. (Jacqueline Aubenas)
« Mon personnage n’a pas de psychologie déterminée, ni encore moins de pathologie. C’est un homme de chair, en dehors de tout contexte culturel précis, en dehors du temps, c’est un fantôme qui habite l’écran pendant une heure. Je laisse au spectateur une totale liberté d’interprétation: j’ai voulu mettre dans le film une telle multiplicité de signes qu’on y puisse trouver matière à enseignement ou à fascination. »
Thierry Zeno
