Portrait documentaire d’un homme d’affaires congolais à Bruxelles. Les errances de Jean-Simon esquissent les contours d’un microcosme d’affaires informelles dans la diaspora congolaise. L’urgence économique de ce “simple commerçant” se noue à l’urgence politique et humanitaire qui anime les Congolais vivant en Europe, face à la situation au Congo et à l’histoire coloniale. Le film tourne autour de ces deux impératifs, dans une négociation entre ici et ailleurs, aujourd’hui et autrefois.
« Aujourd’hui, les Congolais de la diaspora, hantés par l’autrefois, tentent de construire une identité plus forte que leur déracinement malgré les divergences qui les animent. Le son d’un saxophone mélancolique surgit dans la nuit sombre, sur les pavés noircis, des hommes marchent silencieusement avec le portrait de Lumumba. Et puis, toujours ces mêmes errances. Encore, comme seules nécessités pour comprendre d’où l’on vient. Le réalisateur revient ensuite sur les vans de marchandises de la Gare du Midi à l’aide de plans plus expérimentaux ou des ralentis, l’arrêt sur image et les accélérés se nouent aux images d’archives et aux discours de Patrice Lumumba. Un montage riche, qui oppose avec violence les pierres précieuses et ressources africaines utilisées par les blancs. Car ce n’est ni l’Europe, ni les Etats-Unis, encore moins la Chine, qui bâtiront une République démocratique du Congo, plus beau qu’avant. Mais ce sont bien ces visages-là, ces visages perdus dans la diaspora. »
Cinergie
« L’errance urbaine dans les quartiers de la diaspora congolaise tisse des liens intimes avec la situation politique et sociale au Congo. La caméra s’obstine non pas à montrer des négoces, mais la diversité identitaire propre à la diaspora. En filigranes des opérations consistant à envoyer des containers, ou à importer des produits pour les revendre, le réalisateur donne la parole à la jeunesse congolaise bruxelloise, tantôt lors de la fête des soixante ans d’indépendance du Congo, tantôt lors des manifestations contre Kabila. Et les errances reviennent encore, se perdent au détour d’un plan pour donner à entendre la voix de ceux qui racontent la colonisation, de ceux qui forcent le regard vers l’histoire. »
Bertrand Gevart - Cinergie